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T.11 Cocompostage

Le cocompostage est la dégradation aérobie contrôlée des matières organiques provenant de plusieurs sources (boues de vidange et déchets organiques). Lorsque certains paramètres de base (humidité, rapport C:N et aération) sont respectés, on obtient des conditions thermophiles (températures supérieures à 60 °C) qui entraînent l’élimination des agents pathogènes et une décomposition rapide des déchets. Le processus permet d’obtenir un produit final sûr et stable qui peut être utilisé comme compost ou amendement de sol.

Les boues de vidange ont une teneur élevée en humidité et en azote, tandis que les déchets organiques (provenant de déchets alimentaires ou agricoles) sont riches en carbone organique et sont caractérisés par une certaine rigi-dité qui favorise l’aération. Le mélange des deux types de produits permet de mutualiser leurs bénéfices respectifs, afin d’optimiser le processus de traitement et le produit qui en résulte. Les trois méthodes de cocompostage les plus courantes sont : (1) le compostage en andains ouverts, (2) le compostage en bacs et (3) la combinaison d’andains ouverts et de tas statiques à aération passive. Dans le cocompostage en andains ouverts, les matériaux mélangés (boues et déchets organiques) sont rassemblés en de longs tas et sont laissés à décomposer. Le cocompostage en bacs impose un contrôle de l’humidité, un apport d’air et un brassage mécanique. La troisième technique utilise une méthode combinée d’empilage statique et de compostage en andains. Les déchets sont entreposés dans une pile statique pendant deux à trois mois environ, puis ils sont mis en andains pour y subir une décomposition plus poussée.

Considérations sur la conception

Une installation se compose d’une zone pour le tri et la séparation des déchets, des lits de séchage, des unités de compostage, des équipements de tamisage, d’une zone de stockage du compost et des rebuts, d’un système de traitement des eaux usées sur site, des installations pour le personnel et d’une zone tampon. L’installation doit être située à proximité des sources de déchets organiques et de boues de vidange afin de minimiser les coûts de transport, mais aussi à une certaine distance des zones d’habitations pour réduire les risques sanitaires perçus ou réels. Les tas d’andains doivent mesurer au moins 1 m de haut et être recouverts d’une couche de 30 cm de compost, de terre ou d’herbe pour favoriser une répartition uniforme de la chaleur, et jusqu’à 2,5 m de haut et 5 m de large dans les climats plus froids. Les boues doivent être déshydratées dans des lits de séchage non-plantés T.9 avant d’être mélangées aux déchets organiques. La surface qui se trouve sous les tas en cours de compostage doit être imperméable et recueillir le lixiviat qui peut ensuite être réintégré dans les tas ou traité.

Matériaux

Les installations de cocompostage peuvent être construites en utilisant des matériaux disponibles localement. Le revêtement du sol de la zone de compostage peut être réalisé en béton ou en argile bien compactée. En fonction du climat il faut parfois prévoir une toiture (en bambou, en nattes végétales, bois, plastique ou métal) ou un système d’aspersion d’eau. Des composteurs préfabriqués de différentes tailles sont également commercialisés.

Contexte

Cette technologie est peu adaptée dans la phase de réponse aiguë d’une situation d’urgence, mais elle peut être mise en œuvre dans les phases de stabilisation et de relèvement. Les installations de cocompostage fonctionnent mieux lorsqu’elles sont gérées par une entreprise privée, le compost étant un produit commercialisable qui peut générer des revenus pour contribuer en partie au recouvrement des coûts.

Fonctionnement et entretien

Les exigences d’exploitation des installations de cocompostage sont élevées. Le personnel doit être bien formé et surveiller attentivement la qualité et la quantité des matières premières, le rapport C:N, l’humidité et la teneur en oxygène. Le personnel doit également contrôler attentivement les horaires de retournement des tas, la température et les temps de maturation pour assurer un traitement de haute qualité. Les déchets organiques doivent d’abord être triés pour être exempts de matières non-organiques. Les tas sont régulièrement retournés, soit à l’aide d’une pelleteuse, soit à la main avec une fourche ou une pelle. Il est également essentiel de disposer de broyeurs robustes pour déchiqueter les gros morceaux de déchets organiques solides (petites branches et coquilles de noix de coco) et d’équipement mécanique permettant de retourner les tas. Ceci permet d’optimiser le processus, de réduire la quantité de travail manuel et de garantir un produit final plus homogène.

Santé et sécurité

Les risques sanitaires peuvent être minimisés lorsque le personnel prend des précautions, adopte les pratiques d’hygiène élémentaires et porte un équipement de protection. En présence de poussière, il faut prévoir une ventilation adéquate et l’usage de masques. L’OMS recommande que le compost soit maintenu entre 55 et 60 °C pendant au moins une semaine afin de réduire la teneur en agents pathogènes et, en cas de doute, stocké pendant au moins un an avant d’être utilisé. Si les moyens de contrôle existent, il est recommandé de vérifier l’inactivation des œufs d’helminthes comme indicateur de substitution à la stérilisation. Les Directives de l’OMS doivent être consultées pour plus de détails.

Coûts

Les coûts de construction varient en fonction de la méthode choisie et du prix des matériaux locaux ainsi que de l’utilisation d’équipements mécaniques comme des aérateurs et des broyeurs. Les principaux coûts d’exploitation sont le transport et l’approvisionnement en boues et en déchets organiques ainsi que la destination finale du compost.

Aspects sociaux

Avant d’envisager la mise en œuvre d’un système de cocompostage, le concept doit être discuté avec la communauté concernée. Si celle-ci sépare déjà les déchets organiques et/ou pratique le compostage, c’est un facteur positif. Il faut également déterminer si le compost fabriqué à partir de déchets humains est un produit acceptable pour les utilisateurs potentiels (étude de marché) et s’assurer de sa conformité avec les normes locales. Faute de quoi, il est préférable d’identifier d’autres technologies de traitement.

Critères de décision clés

Produits entrants

Matières organiques
Boues

Produits sortants

Compost

Phase d'urgence

Stabilisation +
Relèvement + +

Caractéristiques des sols

Peu contraignantes

Niveau d’application

Voisinage +
Ville + +

Avec et sans usage d’eau

Sans usage d’eau

Niveau de gestion

Partagé +
Public + +

Complexité technique

Moyenne

Espace requis

Élevé

Objectifs et caractéristiques clés

Production de compost. Élimination des agents pathogènes.

Forces et faiblesses

  • Gestion durable des déchets organiques
  • Méthode de traitement efficace et reconnue
  • Peut être construit et entretenu avec des matériaux locaux disponibles
  • Produit final dont la commercialisation peut couvrir partiellement les dépenses opérationnelles
  • Nécessite une grande surface de terrain bien située
  • Longue durée de traitement
  • Le transport des matières premières peut être coûteux
  • Il est nécessaire de contrôler la qualité des intrants
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