L’eCompendium se compose actuellement de quatre grandes sections :
Technologies d'assainissement
Cette section est un inventaire complet de toutes les technologies d'assainissement adaptées aux situations d’urgence allant de la réponse aigüe aux périodes de transition à plus long terme. Les technologies sont classées en fonction du groupe fonctionnel auquel elles appartiennent: Interface utilisateur (U), Collecte et stockage (S), Transport (C), Traitement (T), Valorisation et/ou rejet (D).
Les utilisateurs ont le choix entre trois styles de présentation des technologies :
En cliquant sur une technologie spécifique, l'utilisateur accède à la fiche d'information contenant une description des principes de fonctionnement et des considérations de conception ainsi que des informations sur les paramètres clés tels que la pertinence par rapport au contexte, les implications en termes de coûts, l'espace et les matériaux nécessaires, les exigences de fonctionnement et de maintenance et des liens vers des ressources documentaires. Cette section permet également de filtrer davantage les solutions techniques de toute la chaîne d’assainissement et de les combiner.
Questions transversales
Cette section traite du contexte et des paramètres qui doivent être pris en compte lors du choix des technologies et de la conception du système d’assainissement. Elle détaille les activités nécessaires et les points à prendre en compte dans les domaines suivants.
Études de cas
Cette section contient une sélection d'études de cas détaillées sur l'assainissement en situation d'urgence dans différents contextes et régions afin de comparer, partager et apprendre de l’expérience et d’appuyer davantage les choix technologiques en situation d'urgence.
Glossaire
Cette section contient des définitions concises de tous les termes techniques appropriés utilisés dans l’eCompendium.
L’eCompendium peut être utilisé de différentes façons en fonction des utilisateurs et de leurs objectifs respectifs.
Outil de référence : L’eCompendium est un outil facile d’utilisation et fait état des connaissances récentes sur des technologies éprouvées dans les situations d’urgence. Il peut donc être utilisé comme un outil de référence par les professionnels du secteur de l’EAH et les organisations de renforcement des capacités afin de trouver facilement des informations sur des technologies spécifiques, des sujets transversaux ou des termes clés utilisés dans le secteur. Il s'agit finalement d'une version plus interactive du Compendium des technologies d’assainissement dans les situations d’urgence.
Utilisation des filtres pour une prise de décision rapide : Dans l’onglet « technologies d’assainissement » le filtre peut être particulièrement utile aux professionnels du secteur car il permet de présélectionner uniquement les technologies qui conviennent à un scénario ou un contexte spécifique. Ceci permet de réduire le nombre de technologie potentiellement appropriées et d’en faciliter la sélection, en fonction de la situation concrète (comme par exemple la phase d'urgence pour laquelle on recherche une technologie adaptée ou les produits entrants qu’il faut traiter ou sortants que l’on souhaite obtenir). La catégorisation des technologies utilisées pour chacun des filtres ne doit pas être considérée comme figée et peut être revue en fonction des conditions locales. Il s’agit en effet d’un outil d’appui pour faciliter la prise de décision rapide en toute connaissance de cause mais sans se substituer à un jugement professionnel.
Conception du système : Cette fonctionnalité est une application en ligne puissante qui permet à l'utilisateur de l’eCompendium de développer sa propre chaîne (ou système) de services d'assainissement. En cliquant sur la technologie choisie pour un maillon de la chaîne, les technologies compatibles des maillons précédant et suivant s’affichent automatiquement, en fonction des produits d'entrée et de sortie de la technologie en question.
Mes documents : Des technologies spécifiques ou des sujets transversaux peuvent être sauvegardés de façon séparée (en cliquant sur l'astérisque à côté de chaque technologie), pour les conserver pour plus tard, les imprimer, les partager et en discuter avec des collègues. Les documents sauvegardés sont accessibles en cliquant sur l'étoile rouge dans le coin supérieur gauche. Lorsqu’une technologie est sauvegardée dans « mes documents », un document de 2 pages en format pdf est généré, ce qui est pratique pour le partage ou l’impression.
La barre de filtre en haut de la section « technologies d'assainissement » permet de réduire la complexité due au grand nombre de technologies existantes et de présélectionner uniquement les technologies qui conviennent à un scénario ou un contexte spécifique. En fonction des caractéristiques concrètes du site de l’urgence, il est ainsi possible de réduire considérablement le nombre de technologies potentielles et donc d’en faciliter la sélection. En cliquant sur les cases correspondant à chacun des filtres, seules les technologies répondant aux critères sélectionnés sont affichées. Les filtres actifs sont toujours affichés directement sous la barre de filtre et il est possible de les effacer ou de les désactiver en cliquant sur le bouton « supprimer le filtre » ou en désactivant individuellement les cases des filtres actifs. La catégorisation des technologies utilisées dans chacun des filtres ne doit pas être considérée comme fixe et incontestable et peut varier selon les conditions locales spécifiques. Elle a pour objectif de faciliter une prise de décision rapide et éclairée et constitue un complément, et non un substitut, au jugement professionnel. Les catégories de filtres disponibles sont les suivantes.
Phase de l’urgence
Le filtre permet de sélectionner les technologies d'assainissement en fonction des trois différentes phases d'une urgence :
La classification des technologies en fonction des différentes phases d'urgence est principalement basée sur la pertinence par rapport au contexte, la rapidité de mise en œuvre de la technologie et les besoins en matériaux et équipements correspondants. Elle permet de donner une première orientation générale mais peut différer selon la situation locale.
Caractéristiques de sol contraignantes
Ce filtre permet de sélectionner des technologies adaptées aux zones dans lesquelles les caractéristiques du sol sont difficiles (par exemple les sols rocheux, les zones avec une nappe phréatique élevée, les sols avec une faible capacité d'infiltration et les zones inondables) et où l’excavation peut être difficile. Il ne s'agit là que d'indications et non d'exigences absolues (par exemple, un sous-sol rocheux peuvent être creusé à l'aide d'explosifs).
Technologies avec et sans usage d’eau
Ce filtre permet de sélectionner les technologies en fonction de l’utilisation en eau (par exemple pour le nettoyage et le transport). Certaines technologies peuvent être utilisées avec ou sans eau.
Niveau d'application
Ce filtre permet de sélectionner les technologies en fonction de leur pertinence au niveau de trois échelles spatiales.
Cette catégorisation donne une première orientation mais peut différer selon les situations locales.
Niveau de gestion
Ce filtre permet de sélectionner les technologies en fonction de la personne ou du groupe qui a les capacités de gérer le fonctionnement/l’exploitation et l’entretien de la technologie :
Espace requis
Il s’agit d’une estimation qualitative de l'espace, c’est-à-dire la surface ou l’empreinte spatiale nécessaire pour chaque technologie. La caractérisation repose sur une approche comparative entre les différentes technologies et non en termes absolus ; par exemple des latrines a fosse unique nécessitent peu d’espace par rapport à un filtre planté. L’espace nécessaire est indiqué pour une unité standard et non par utilisateur. La superficie requise pour chaque technologie peut dépendre en grande partie du nombre d’usagers qui y sont raccordés et d’autres critères de conception.
Complexité technique
Ce filtre permet de sélectionner les technologies en fonction du niveau d'expertise technique nécessaire pour les mettre en œuvre, les faire fonctionner et les entretenir. Cela peut faciliter la planification lorsque les compétences et les capacités sont limitées ou temporairement indisponibles.
La catégorisation repose sur la comparaison entre les différentes technologies et non pas en termes absolus. Par exemple, la vidange et le transport manuels sont moins complexes techniquement qu'un égout gravitaire conventionnel. Cette catégorisation permet de donner une première orientation mais peut différer selon la situation locale.
Produits entrants
Il s’agit des produits qui alimentent habituellement une technologie donnée. En sélectionnant des produits de départ ou entrants spécifiques, les seules les technologies qui s’afficheront sont celles qui sont à même de traiter ces produits. Ceux-ci sont les matières générées directement par l'homme (par exemple, l'urine, les matières fécales et les eaux grises provenant des salles de bain, de la cuisine et du nettoyage). Il s’agit également des matières nécessaires au fonctionnement des technologies (par exemple, l’eau de chasse pour évacuer les excreta dans les égouts) et des matières générées en fonction du stockage ou du traitement (par exemple, les boues). Pour la conception d'un système d'assainissement robuste, il est important de bien comprendre les produits qui entrent (intrants) et sortent (extrants) de chacune des composantes technologiques du système.
Produits sortants
Il s’agit des produits qui sont générés par une technologie donnée. En sélectionnant des produits sortants spécifiques, seules les technologies qui génèrent les produits seront affichées. Les produits issus des technologies d’assainissement sont générés en fonction du stockage ou du traitement (par exemple, les boues). Pour concevoir un système d'assainissement robuste, il est important de bien comprendre quels sont les produits entrants et sortants de chacune des unités du système.
L’outil de conception de systèmes d'assainissement est une fonction en ligne qui permet à l'utilisateur de l’eCompendium de développer sa propre chaîne (ou système) de services d'assainissement. En cliquant sur la technologie choisie, l’outil affiche automatiquement toutes les technologies des maillons amont et aval qui sont compatibles en fonction des produits entrants et sortants qui correspondent à la technologie sélectionnée. En fonction, par exemple, des technologies déjà sélectionnées, des préférences de l'utilisateur, des caractéristiques du sol ou des produits sortants souhaités, l’outil de conception permet de concevoir un ensemble complet de technologies couvrant l’ensemble de la chaîne de services d'assainissement. Cela peut se faire de façon chronologique en partant de l’interface utilisateur en passant par le stockage, la collecte, le transport jusqu’au traitement, la valorisation et/ou le rejet final), soit en partant de n’importe quel maillon de la chaîne d’assainissement. On peut aussi suivre une logique d’ingénierie inverse, c’est-à-dire partir du produit final que l’on souhaite obtenir et d’identifier les solutions technologiques qui permettront d’obtenir ce produit, en remontant la chaîne de services d'assainissement. Par exemple, si l'objectif est de produire du compost comme produit final, l’outil de conception permet de filtrer des technologies dont le compost figure en produit sortant et n'affichera alors automatiquement que les technologies en amont compatibles avec la technologie sélectionnée en aval.
La sélection de la meilleure combinaison de technologies d’assainissement pour un contexte spécifique est une tâche difficile et exige une expérience considérable. Les principaux critères de décision visent à donner à l’utilisateur du Compendium une direction générale dans le processus de sélection de la technologie et de la conception globale d’un système d’assainissement. Les critères de décision sont présentés dans chacune des fiches d’information suivantes.
1. Phase d’urgence
Les technologies sont plus ou moins adaptées selon la phase de l’urgence. En tant que telles, leur pertinence est déterminée pour les trois phases : Réponse aiguë, stabilisation, relèvement. Des étoiles sont utilisées pour indiquer le degré d’adéquation d’une technologie donnée avec les différentes phases d’urgence (deux étoiles : technologie appropriée ; une étoile : technologie moins appropriée ; aucune étoile : technologie inappropriée). Le niveau d’adéquation est déterminé en comparant les technologies par rapport au contexte, à la vitesse de mise en oeuvre et aux matériaux requis. Il revient à l’utilisateur du Compendium de décider quel est le niveau d’urgence de la situation dans laquelle il travaille.
2. Niveau d’application
Le niveau d’application décrit l’échelle spatiale pour laquelle la technologie est la plus adaptée. Il comprend trois niveaux :
Ménage (une unité peut être utilisée par un ou plusieurs ménages).
Voisinage (une unité peut être utilisée par quelques ménages et jusqu’à plusieurs centaines de ménages).
Ville (une unité peut être utilisée pour une communauté entière, un camp ou un district).
Des étoiles sont utilisées pour indiquer le degré d’adéquation à une échelle spatiale données (deux étoiles : technologie appropriée ; une étoile : technologie moins appropriée ; aucune étoile : technologie inappropriée). Il revient à l’utilisateur du Compendium de décider quel est le niveau approprié aux situations spécifiques sur lesquelles il travaille.
3. Niveau de gestion (ou niveau d’exploitation)
Le niveau de gestion définit qui a la responsabilité principale du bon fonctionnement et de l’entretien d’une technologie donnée :
Ménage (toutes les tâches liées au fonctionnement et à l’entretien peuvent être assurées par les ménages).
Partagé (un groupe d’usagers a la responsabilité du fonctionnement et de l’entretien de la technologie par le biais d’une personne ou d’un comité qui en a la charge pour le compte de tous les autres usagers. Lorsque l’on parle d’installations partagées, cela signifie qu’un groupe d’usagers s’est auto-défini et décide des usagers qui sont autorisés à utiliser les installations et des responsabilités respectives.
Public (les installations gérées par une entité gouvernementale, institutionnelle ou privée ; l’ensemble des interventions de fonctionnement et d’entretien sont prises en charge par l’entité responsable de l’exploitation des installations).
Des étoiles (entre zéro et deux) sont utilisées pour indiquer le degré d’adéquation de chaque niveau de gestion, deux étoiles signifiant que le niveau donné est
4. Caractéristiques clés
Cette section contient de brèves indications relatives aux caractéristiques et aux fonctions principales de technologies spécifiques. Elle contient aussi des recommandations d’ordre général permettant de classer les technologies et d’évaluer leur pertinence par rapport au système d’assainissement imaginé ou par rapport au contexte.
5. Espace requis
Cette section donne une estimation qualitative de l’espace requis pour chaque technologie, c’est-à-dire la surface ou l’empreinte spatiale nécessaire à la technologie. Cela peut faciliter la planification dans les zones où l’espace est un facteur limitant. Les étoiles sont utilisées pour indiquer la superficie nécessaire pour la technologie donnée (trois étoiles : une grande superficie requise, deux étoiles : une superficie moyenne et une étoile : une faible superficie). La caractérisation repose sur une approche comparative entre les différentes technologies et non en termes absolus, par exemple des latrines à fosse unique nécessitent peu d’espace par rapport à un filtre planté. L’espace nécessaire est indiqué pour une unité standard et non par utilisateur. La superficie requise pour chaque technologie peut dépendre en grande partie du nombre d’usagers qui y sont raccordés et d’autres critères de conception. Pour cette évaluation, il importe peu qu’une technologie soit enterrée et donc que l’espace au-dessus puisse être potentiellement utilisé. Par exemple, un réacteur anaérobie à chicanes nécessite une superficie moyenne, mais comme il peut être construit sous terre, une partie de cette superficie pourra être utilisée à d’autres fins.
6. Complexité technique
Cette section donne un aperçu de la complexité technique de chaque technologie, c’est-à-dire du niveau d’expertise technique nécessaire pour mettre en oeuvre, exploiter et entretenir la technologie donnée. Cela peut faciliter la planification lorsque les compétences et les capacités sont limitées ou temporairement indisponibles. Les étoiles sont utilisées pour indiquer la complexité technique d’une technologie donnée (trois étoiles : haute complexité, deux étoiles : complexité moyenne et une étoile : faible complexité). Une faible complexité technique signifie qu’aucune compétence technique ou des compétences minimales sont nécessaires pour mettre en oeuvre, exploiter et entretenir une technologie. Ce travail peut être effectué par des personnes non-professionnelles et des artisans. Une complexité technique moyenne signifie que certaines compétences sont requises pour la mise en oeuvre, le fonctionnement et l’entretien. Des artisans ou des ingénieurs qualifiés sont nécessaires pour la conception ainsi que l’exploitation et l’entretien d’une telle technologie. Une complexité technique élevée signifie qu’un expert confirmé, comme un ingénieur qualifié, est indispensable pour construire, faire fonctionner et entretenir une technologie de manière durable. La catégorisation repose sur la comparaison entre les différentes technologies et non pas en termes absolus. Par exemple, la vidange et le transport manuels sont moins complexes techniquement qu’un égout gravitaire conventionnel.
7. Produits entrants/sortants
Il est nécessaire de disposer d’un éventail de technologies pour gérer les différents produits entrants et obtenir des produits sortants spécifiques. Par conséquent, lors de la sélection des technologies, il faut tenir compte des produits entrants qui doivent être traités et des produits sortants que l’on désire obtenir. Les technologies peuvent être choisies en partant de la fin de la chaîne de l’assainissement en fonction du produit sortant recherché. Par exemple, si le but de la chaîne de l’assainissement est d’obtenir du compost comme produit final, on choisira alors une technologie dont le produit sortant est le compost. Les composantes technologiques en amont doivent alors appuyer cet objectif. Le fait de garder à l’esprit l’innocuité et la qualité des produits sortants souhaités à chaque étape du système facilite l’internalisation de l’approche du système et favorise le choix d’une combinaison de technologies génératrices de produits finaux pouvant être valorisés ou rejetés dans l’environnement en toute sécurité.
Les produits entrants font référence aux produits qui alimentent une technologie donnée. Les produits indiqués sans parenthèses sont les intrants habituels. Les produits indiqués entre parenthèses () sont des produits alternatifs ou des produits parfois utilisés dans certains contextes. Lorsqu’un produit doit être associé avec un autre, cela est indiqué par le signe « + ». Le produit qui suit le « + » est mélangé au(x) produit(s) précédent(s).
Les produits sortants font référence aux produits qui sont générés par une technologie donnée. Les produits indiqués sans parenthèses sont générés par cette technologie de façon courante. Les produits entre parenthèses () sont des produits additionnels (facultatifs) qui sont parfois générés dans certains contextes. Lorsque ces produits sont mélangés, cela est indiqué par le signe « + ». Le produit qui suit le « + » est mélangé au(x) produit(s) précédent(s).
8. Considérations sur la conception
Cette section présente les considérations générales et essentielles de conception, notamment les dimensions générales, les exigences en matière d’espace et d’autres caractéristiques. Cette section ne décrit pas les paramètres de conception détaillés pour permettre la construction complète d’une technologie, mais donne une idée des caractéristiques dimensionnelles à prendre en compte, des temps de rétention, ainsi que des principaux pièges éventuels dont il faut tenir compte lors de la conception. Cette section aide l’utilisateur du Compendium à comprendre la conception technique et la complexité d’une technologie donnée.
9. Matériaux
Cette section énumère les différents matériaux et équipements requis pour la construction, le fonctionnement et l’entretien d’une technologie donnée. Elle indique la disponibilité potentielle des matériaux sur place ou la possibilité de les produire, par exemple le bois et les briques, ou si les matériaux devront être importés ou nécessiter une fabrication spéciale, ce qui retardera considérablement la mise en oeuvre pendant une situation d’urgence. La section sur les matériaux indique également si une technologie peut être préfabriquée pour accélérer sa mise en oeuvre.
10. Contexte
Cette section décrit les contextes dans lesquels une technologie est la plus appropriée. Elle indique la pertinence d’une technologie selon le contexte, en distinguant les zones rurales ou urbaines et les implantations à court ou à long terme. Elle décrit également les phases d’une situation d’urgence dans lesquelles une technologie peut être mise en oeuvre. D’autres caractéristiques physiques de pertinence par rapport au contexte sont énumérées ici, notamment les caractéristiques du sol, la disponibilité en eau, la hauteur de la nappe phréatique, etc. Cette section donne également des renseignements sur la possibilité de dupliquer et généraliser la technologie, ainsi que sur la vitesse de mise en place.
11. Fonctionnement et entretien
Toute technologie nécessite d’être exploitée et entretenue, d’autant plus si elle est utilisée sur une longue période. Les implications du choix de la technologie en termes de fonctionnement et d’entretien doivent être prises en compte lors de la planification initiale. Cette section liste les principales tâches nécessaires à la pérennité de la technologie. Elle distingue les compétences requises, indique la fréquence des interventions et le temps nécessaire. Elle établit également une liste des mauvaises utilisations et des pièges potentiels à prendre en compte.
12. Santé et sécurité
Toutes les technologies d’assainissement impliquent des risques pour la santé et la sécurité des personnes. Les conséquences ou les risques sanitaires qui y sont décrits doivent être étudiés au cours de la planification afin de les réduire au niveau de la communauté locale et du personnel chargé de l’assainissement. La section sur la santé et la sécurité décrit également les procédures générales de gestion des risques, qui peuvent conduire à la décision d’exclure une technologie si la sécurité ne peut pas être garantie. Le cas échéant, l’équipement de protection individuelle nécessaire pour assurer la sécurité personnelle est indiqué.
13. Coûts
Les coûts sont un autre critère de décision clé. Chaque technologie comporte des coûts associés à la construction, au fonctionnement, à l’entretien et à la gestion. En outre, chaque technologie a des répercussions sur les coûts d’autres technologies de la chaîne de l’assainissement. Par exemple une fosse septique nécessite une vidange régulière, donc de l’équipement et du temps, mais ceux-ci ne sont généralement pas pris en compte dans le calcul des coûts de fonctionnement et de maintenance de la fosse septique. Les coûts varient en fonction de la zone géographique et ne sont pas absolus. Par conséquent, cette section présente les principaux éléments de coût associés à une technologie, ce qui permet d’obtenir une première approximation.
14. Aspects sociaux
Les aspects sociaux sont un élément crucial lors du choix de technologies d’assainissement spécifiques, en particulier au niveau de l’interface utilisateur. Des tabous culturels, des préférences, certaines habitudes des utilisateurs ainsi que les capacités locales peuvent être difficiles ou impossibles à modifier ou encore non-appropriés aux tentatives de changement. La technologie d’assainissement choisie doit être acceptée par les utilisateurs ainsi que par le personnel en charge de l’exploitation et de l’entretien.
15. Forces et faiblesses
Cette section résume de manière concise les principales forces et faiblesses de chaque technologie et appuie ainsi le processus décisionnel. Les faiblesses peuvent indiquer qu’il existe un facteur d’exclusion et qu’une technologie n’est pas adaptée à un contexte particulier. Les forces et les faiblesses peuvent être communiquées pour que les utilisateurs et tous ceux qui sont impliqués dans la planification et la mise en oeuvre du système d’assainissement puissent prendre des décisions en toute connaissance de cause.
16. Références et lectures complémentaires
Cette section renvoie les utilisateurs aux pages de la bibliographie en annexe de cette publication. La bibliographie est une compilation des publications les plus pertinentes classées par chapitre et comporte une brève description de chacune d’entre elles. Les utilisateurs peuvent utiliser la liste des publications pour trouver des informations complémentaires sur des technologies particulières (par exemple des guides de conception, des résultats de recherche et des études de cas).
Un système d'assainissement peut être visualisé sous forme d’un tableau dans lequel les groupes fonctionnels (en colonnes) et les produits (en lignes) sont reliés entre eux lorsque des combinaisons potentielles existent. Cette présentation permet de visualiser les composantes technologiques d'un système et tous les produits qui y sont pris en compte. Les technologies d'assainissement et les groupes fonctionnels correspondants peuvent être classés en trois grandes catégories, à savoir « sur site », « transport" ou « hors site ». Les produits sont successivement collectés, stockés, transportés et transformés en utilisant plusieurs technologies compatibles provenant des cinq groupes fonctionnels. Le ou les produits générés par une technologie dans un groupe fonctionnel deviennent alors le produit entrant pour le groupe fonctionnel suivant. Il n'est pas toujours nécessaire qu’un produit passe par une technologie pour chacun des groupes mais l’ordre chronologies des groupes fonctionnel est en général maintenu, quel que soit leur nombre dans le système d'assainissement.
Les principales catégories utilisées pour distinguer les différentes phases d’urgence sont les suivantes : (1) réponse aiguë (ou extrême urgence), (2) stabilisation et (3) relèvement. L’identification de ces grandes phases est utile lors de la planification de l’assistance, mais la classification, modélisée en fonction de catastrophes passées, doit être considérée comme théorique et simplifiée. La réalité est rarement aussi clairement définie.
Phase de réponse aiguë : il s’agit des interventions d’aide humanitaire qui sont mises en oeuvre immédiatement après des catastrophes naturelles, des conflits, des crises prolongées ou des épidémies. Cette phase couvre généralement les premières heures et les premiers jours jusqu’aux premières semaines, au cours desquelles des mesures efficaces à court terme sont adoptées pour remédier rapidement à la situation d’urgence jusqu’à ce que des solutions plus durables puissent être trouvées. Les personnes touchées par les catastrophes sont généralement nettement plus exposées aux maladies, qui sont dans une large mesure liées à des conditions d’assainissement et à l’impossibilité de maintenir une bonne hygiène. L’objectif des interventions dans la phase de réponse aiguë est d’assurer la survie de la population affectée, dans le respect des principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance. Les services essentiels liés à l’assainissement qui sont requis à ce stade sont notamment la mise en place de solutions immédiates et sans risque pour la santé en matière de gestion des excreta (en particulier les mesures de confinement), car ce sont des facteurs déterminants de survie lors du premier stade d’une catastrophe. Il est également essentiel de veiller à la salubrité de l’environnement et d’éviter la contamination des sources d’eau. Si cela est possible, on procède également lors de cette phase à la réhabilitation rapide des infrastructures d’EAH existantes, à la mise en place de solutions de drainage appropriées et à la mise à disposition d’outils et d’équipements d’exploitation et de maintenance élémentaires.
Phase de stabilisation : appelée aussi « phase de transition », elle commence généralement après les premières semaines d’une urgence et peut durer jusqu’à six mois. En plus des mesures visant à étendre la couverture des services d’assainissement, la priorité est d’améliorer progressivement les installations temporaires d’urgence mises en place pendant la phase de réponse aiguë ou de remplacer les installations temporaires par des solutions plus résistantes à plus long terme. Cette phase comprend la mise en place de dispositifs avec le soutien des communautés, en mettant davantage l’accent sur l’ensemble de la chaîne des services d’assainissement. Cette phase est souvent marquée par un passage de solutions d’assainissement communautaire à des solutions visant les ménages. Il est important de s’assurer que les technologies et la conception des infrastructures sanitaires soient conformes aux besoins des populations et, dans l’idéal, qu’elles utilisent des matériaux disponibles localement. Il est nécessaire de procéder à une évaluation détaillée afin de pouvoir intervenir de manière adaptée au contexte local et de renforcer l’acceptation à long terme des interventions d’assainissement proposées. Il convient d’accorder une attention particulière aux aspects socioculturels, notamment à certaines questions qui peuvent être sensibles en matière d’utilisation, de fonctionnement et d’entretien, à la gestion de l’hygiène menstruelle, à l’exposition à la violence sexuelle et à d’autres formes de violence ainsi qu’aux questions qui impliquent un certain degré de changement de comportement. La participation équitable des femmes et des hommes, des enfants, des groupes marginalisés et vulnérables à la planification, à la prise de décision et à la gestion locale est essentielle pour garantir un accès sûr et adapté de l’ensemble de la population touchée à des services appropriés.
Phase de relèvement : cette phase, parfois appelée « phase de réhabilitation », commence généralement après ou même pendant les interventions d’urgence humanitaire et vise à recréer ou à améliorer la situation de la population touchée avant l’urgence, en intégrant progressivement des principes de développement. Elle peut être considérée comme une continuation des efforts d’aide humanitaire déjà déployés et peut préparer le terrain pour des interventions de développement ultérieures et le transfert progressif aux partenaires à moyen ou long terme. En fonction des besoins locaux, la durée moyenne des interventions de relèvement et de réhabilitation est généralement comprise entre six mois et trois ans et, dans les situations difficiles, elle peut aller jusqu’à cinq ans. Les interventions de relèvement et de réhabilitation se caractérisent par une implication et une participation actives des partenaires et des autorités locales dans la planification et la prise de décision, afin de renforcer les capacités locales et de contribuer à la durabilité des opérations. Les interventions de relèvement en matière d’assainissement peuvent prendre diverses formes et dépendent des conditions locales ainsi que des besoins réels de la population touchée. Au-delà de la mise en oeuvre technique d’un système d’assainissement, ces interventions impliquent des efforts importants de renforcement de l’organisation des services et de promotion du marché des services d’assainissement. Dans le cas où les camps (de réfugiés/déplacés) évoluent vers des établissements permanents, les interventions peuvent consister à améliorer les infrastructures d’assainissement d’urgence. Les interventions de relèvement prévoient également le renforcement des capacités et la formation à plus long terme, notamment en travaillant avec les autorités locales et les partenaires de développement concernés. Il est également primordial de renforcer la collaboration avec les autorités locales, les services publics, la société civile et le secteur privé, puis de transférer les responsabilités. Il faut pour cela que les parties prenantes concernées participent dès le début et de façon croissante à la planification et à la prise de décision. Dans la mesure du possible, les interventions de relèvement doivent tenir compte du fait que les investissements réalisés peuvent servir de base à une expansion ultérieure des installations et des services d’eau et d’assainissement. En outre, les interventions de relèvement peuvent comporter des mesures de résilience et de réduction des risques de catastrophe. Elles doivent comporter une stratégie claire de transition ou de sortie, y compris le transfert aux autorités locales, aux communautés ou aux prestataires de services, afin de garantir le maintien des niveaux de service ainsi créés.
Le Global WASH Cluster décrit les catastrophes comme des événements entraînant des pertes et des dommages importants pour les communautés et les individus, pouvant aller jusqu’à la perte de vies humaines et de moyens de subsistance, laissant les communautés affectées dans l’incapacité de fonctionner normalement sans assistance extérieure. Les catastrophes ou les urgences humanitaires peuvent prendre différentes formes. Chaque situation d’urgence, selon le contexte du pays, sa portée et ses causes, est unique et a un impact important sur les personnes, l’environnement et les infrastructures. Malgré cette hétérogénéité, on peut utiliser la classification suivante des différents types de crises pour établir une catégorisation sommaire.
Catastrophes déclenchées par des risques naturels ou technologiques : les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, les glissements de terrain, les inondations, les tempêtes, les sécheresses et les températures extrêmes sont des risques naturels qui peuvent provoquer des catastrophes humanitaires faisant de nombreuses victimes et causant des pertes économiques et des dommages à l’environnement et aux infrastructures. Cependant, les catastrophes humanitaires ne se produisent que si un danger frappe là où les populations sont vulnérables à ce danger spécifique. En raison des changements climatiques et de leur impact considérable, l’aide humanitaire doit de plus en plus souvent faire face à des phénomènes météorologiques extrêmes et à leurs conséquences. L’augmentation de la population mondiale, l’urbanisation constante et les mutations de l’utilisation des sols à l’échelle mondiale accentuent encore la vulnérabilité aux risques naturels et technologiques tels que les ruptures de barrage et la contamination chimique ou nucléaire. Ces catastrophes entraînent souvent une détérioration des conditions sanitaires liées à l’environnement, notamment en termes d’accès aux services d’assainissement de base. Les infrastructures telles que les écoles, les routes, les hôpitaux ainsi que les installations sanitaires sont souvent directement touchées, ce qui fait que l’accès à l’assainissement et la pratique de comportements d’hygiène appropriés, comme le lavage des mains, ne sont plus assurés. Ainsi, le risque de maladies liées à l’eau et à l’assainissement augmente.
Conflits : il s’agit des situations d’urgence d’origine sociale telles que les conflits politiques, les conflits armés et les guerres civiles. De nombreuses personnes déplacées (déplacés internes et/ou réfugiés) doivent être hébergées dans des camps, des abris temporaires ou des communautés d’accueil, dans lesquels l’accès aux dispositifs d’assainissement et d’hygiène adéquats doit être assuré à très court terme et souvent maintenu sur de longues périodes. En règle générale, la plupart des personnes déplacées sont absorbées par les communautés d’accueil. Ceci peut avoir pour effet de surcharger les infrastructures d’assainissement existantes, ce qui rend difficile l’identification et la quantification des besoins réels. En raison de la dynamique des conflits, il est souvent difficile de planifier la durée pendant laquelle les abris et les infrastructures d’assainissement correspondantes devront rester en place. Cela peut varier de quelques semaines ou mois à plusieurs années ou même décennies. En outre, les camps de réfugiés sont souvent construits dans des endroits où la situation sanitaire est déjà tendue. Dans les situations impliquant des réfugiés, lorsqu’une population déplacée est initialement hébergée dans des abris temporaires ou dans un camp, il n’est pas souhaitable, d’un point de vue politique, de s’orienter vers une installation permanente. Les décideurs locaux peuvent s’opposer à certaines activités perçues comme susceptibles de rendre l’installation plus durable ou mieux développée, par crainte de ne pas pouvoir ramener la population réfugiée dans sa région d’origine. La situation se complique encore si les conditions dans le camp s’avèrent meilleures que celles des communautés locales. Des tensions peuvent surgir entre la population locale et les réfugiés. Il faut alors considérer ces situations comme des occasions d’améliorer les services d’assainissement tant pour les communautés d’accueil que pour les réfugiés.
États fragiles et crises prolongées : un phénomène de plus en plus courant concerne la question des États fragiles et des pays en crise prolongée. Un État est dit « fragile » lorsqu’il ne veut pas ou ne peut pas remplir ses fonctions de base. Quant aux populations concernées, elles risquent de voir leur sécurité menacée du fait de l’insuffisance ou de l’inexistence des services de base essentiels. La faiblesse des structures gouvernementales ou l’absence de responsabilité de l’État pour assurer les services de base peut engendrer une pauvreté accrue, des inégalités, une méfiance vis-à-vis des institutions et peut potentiellement se muer en situation d’urgence humanitaire. Les situations de crise prolongées se caractérisent par des catastrophes et/ou des conflits récurrents, des crises alimentaires prolongées, la détérioration de l’état de santé des populations, la destruction des moyens de subsistance et une capacité institutionnelle insuffisante pour réagir aux crises. Dans ces environnements, une proportion importante de la population est fortement exposée à la mort, aux maladies et au bouleversement des moyens de subsistance sur une période prolongée. L’accès aux services d’assainissement de base est souvent négligé et le soutien extérieur par le biais des canaux gouvernementaux conventionnels peut aboutir à des situations très insatisfaisantes. Dans ces conditions, il peut être nécessaire d’explorer des moyens complémentaires et alternatifs de prestation de services, en se basant principalement sur des acteurs non-étatiques et sous-étatiques à un niveau relativement décentralisé.
Pays à (haut) risque continuellement touchés par les catastrophes et le changement climatique : le changement climatique et la probabilité accrue de risques naturels qui y sont associés constituent un énorme défi pour de nombreux pays. Le risque que des phénomènes naturels deviennent des catastrophes est largement déterminé par la vulnérabilité de la société, la sensibilité des systèmes écologiques ou socio-économiques et par l’impact du changement climatique, tant sur des phénomènes extrêmes occasionnels (par exemple de fortes pluies provoquant des inondations ou des glissements de terrain) que sur des changements climatiques progressifs (par exemple le décalage temporel des saisons des pluies). Le changement climatique aggrave également les situations problématiques dans les pays à haut risque qui sont déjà victimes de catastrophes. Les infrastructures d’assainissement existantes peuvent nécessiter des adaptations ou l’introduction de systèmes d’assainissement plus appropriés et plus robustes pour accroître la résilience et aider les communautés à faire face aux phénomènes météorologiques extrêmes récurrents (par exemple des dispositifs d’assainissement surélevés dans les zones inondables). En outre, des systèmes d’assainissement devront peut-être être préparés pour répondre aux besoins des réfugiés climatiques.
Cette plateforme s'adresse principalement aux travailleurs humanitaires de terrain, aux premiers intervenants locaux, aux ingénieurs, aux personnes en charge de la conception, aux autorités gouvernementales impliquées, aux institutions universitaires, aux agences de renforcement des capacités et aux professionnels de l’EAH impliqués dans les interventions d’urgence, de stabilisation et de relèvement qui en découlent.
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